J'ai bien falli ne pas sauter dans le train. Devais-je vraiment quitter Varanasi en ce 31 decembre ou bien tout simplement profiter d'une agreable soiree avec les amis rencontres? Mais l'appel des monasteres de Bodhgaya s'est fait sentir, ne laissant plus de place au doute. Dans le train, je rencontre un couple d'americain sur les routes du monde. Ils etaient en Europe et en France les mois precedent et c'etaient arrete a ... La Borie Noble et Longo Mai! Une fois de plus, les communautes sont invites sont la table des discussions!
Je cherche a me loger, marchant dans les rues de Bodhgaya lorsque les feux d'artifice eclatent et offrent leur lumiere furtive aux chemins obscurs. J'apercois un moine tibetain a travers une grille et me renseigne aupres de lui lorsqu'une moto s'arrete. Il s'agit du fils du proprietaire du lieu, ils n'ont plus de chambre, mais il me prette la sienne et dort avec son frere ;-). Le lendemain, le matin m'appelle a la decouverte de la ville et mes pas me guident jusqu'au MahaBodhi Temple. Il y a une sacre foule, je tourne autour du temple et m'arrete dans l'air reserve aux ... tiens, etrange... aux "westeners". Je commence a me dire qu'il soit se passer quelque chose... J'entends parler francais et je demande, confessant que je "debarque"... Et pour dire, les milliers de pelerins presents ici ne sont venus que pour cela, l'annuel Mounlam de la tradition Kagyu qui fait cette annee office de celebration pour les 900 ans du premier Karmapa. Autant vous dire que c'est la fete. Bodhgaya, ce n'est pas tous les jours comme ca, avec des milliers de moines des quatres coins de l'inde! Je medite et prie avec l'assemblee. Le mounlam consiste a envoye ses voeux a tous les etres que nous souhaitons, proches ou non, bien-aimes, souffrants et malheureux, a prier pour la paix dans le monde. La ville est tellement bonde que je renonce a la decouverte des differents monasteres, je reste en compagnie des anges qui m'ont accueillis. Ils me guideront meme jusqu'a la benedition du Karmapa en personne.
Puis c'est le moment de la grande descente, 2 jours de trains pour atteindre les environs de l'utopie Aurovillienne. Le temps se rechauffent, le vent souffle dans les palmiers. A mon arrive a iIllupuram, une derniere pluie vient de s'abattre. L'humidite et la chaleur me replonge dans l'ambiance tropicale du Togo. Telle une madeleine de Proust, les souvenirs refont surface et me troublent : je sens l"Afrique et vois l'Inde... Un premier Masala dosa pour reprendre des forces, exquis ; puis la course en bus la plus folle et dangereuse de ma vie et me voila a Pondicherry, le petite francaise de l'Inde. Et effectivement, Pondi a un petit parfum occidentale parce que un peu plus propre, plus riche. Les femmes portent de beaux Sari, il y a de nombreux magasins diversifies (on ne se limite plus aux epiceries et vendeurs de cartes de telephones, ca va jusqu'au mixeur d'une cuisine toute equipee), ll y a meme des trottoirs. Excusez le peu mais pour moi, il s'agit du detail qui me ramene a la civilisation (il s'agit d'une seconde madeleine rappelant les trottoirs marocains apres l'Afrique noire).
A Auroville, je compte participer au projet de Sadhana Forest en tant que volontaire. Mais mon arrive est bousculante puisqu'on me demande de rester un mois, ou de partir ... J'avais pourtant ecrit au prealable et eu une faveur de 15 jours, passee aux oubliettes ... " Should I stay or should i go..." La communaute comme il l'appelle - je dirais le camp de volontaires puisqu'une seule famille y vis- est important, il y a 125 personnes, et je suis tres curieux de voir comment cela fonctionne. Alors avec la compassion de la personne qui m'accueille nous effacons la question du temps pour un moment, m'integrant au lieu. Les premiers jours sont stimulants : chaque session de travail, dans la foret ou aux abords des besoins du quotidien est precede d'un grand cercle, de chants, de calins. L'energie es debordante et les "Workshop" en tout genre ne manquent pas : Danse, Capoeira, Permaculture, Communication non Violente, Partages... Apres quelques jours, il devient meme difficile de garder le rythme, la fraicheur et l'enthousiasme, les rencontres n'en finissent pas et manquent de s'approfondir, la deception et resistance de certains m'influence, et les bacteries jubilent d'intestins en intestins. Je passe par des hauts et des bas et je ne suis pas le seul. Je m'accroche pour en comprendre la source. Je finis par m'apercevoir que je deviens consommateur, sucons de l'exterieur, attendant que mes manques soient comblees et ne sachant plus Etre. Les amities crees m'aident a regarder cela. Nous nous soutenons, nous encourageons a mediter, seule solution pour retrouver son equiibre dans le tourbillon. Le challenge devient interessant. Sadhana Forest commencet a bien porter son nom. Nous nous echappons regulierement dans les cafes aurovilliens confortable pour deguster des brownies et du cafe glace a la vanille, mmm... il suffit de penser en euro et c'est bon marche! Car Auroville ce n'est pas vraiment l'inde, c'est en Inde; mais je ne trouve pas que ce soit un mal. Les disciples internationnaux de Sri Aurobindo et de la Mere servent un beau projet aux valeurs universelles, spirituelles et fraternelles. Un projet qui va doucement, qui fait ce qu'il peut et c'est beau. Par exemple le Matri Madir, lieu de Meditation, coeur de la ville, incarnant son ame, a mis plus de trente ans de travail volontaire et de donations pour se construire. Le resultat (il n'est pas encore completement acheve, des plans pour les jardins sont en cours) est puissant.
Je continue ma route vers le second lieu responsable de ma curiosite indienne, Arunachala.
Arunachala est une montagne, incarnation de Siva, elle a attiree Ramana Mahashi dans ses grottes. Ce sage du 20eme siecle fait encore parler de lui. Il continue a questionner les chercheurs spirituels en invitant chacun a se demander : " Qui suis-je?' La montagne continue d'attirer a son pied maitres et disciples. Des mon arrive, je m'y sens bien. Je sens mes plans m'envoler et le desir de me laisser guider. Combien de temps vais-je rester ici, que vis-je y faire ... Derniere chose amusante, alors que je lace mes chaussure, je leve la tete et, sous un chapeau blanc, une chevelure blonde m'intrigue " j'attendais de voir si t'allais reagir" me dit Celine, presque deux ans apres notre premier et derniere rencontre a la maison de l"harmonie. Benjamin est aussi la, avec elle.