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Où-est-charlie?
17 juin 2008

Une dernière aventure et un premier jeûne pour la route

Lomé, pouarf. J'y fais prolonger mon visa provisoire et je la quitte le plus tôt possible. Trop grande, trop bruyante, trop chère. Ici, les "Zems" prennent la rue. Ces taxis moto vous klaxonnent chaque dix mètres, "On va où?", ajoutez la pollution... Je pars donc au vert. A Kpalimé, dans la région des plateaux -la région productrice du Togo-  Koffa et Salamatou m'acceuillent dans la maison qu'ils gardent. Je suis surpris par cette maison occidentale où je ne me sens pas tout de suite à l'aise. Mais j'apprends à apprécier ce calme, à regarder la montagne, jouer de la guitare sur la terrasse, faire mon yoga matinal sous le vent qui se lève et la pluie qui finie par s'abattre. Koffa m'emmène dans quelques chemins reculés, au pied de la montagne où les cultivateurs s'affairent. Sur les chemins, nous pouvons nous nourrir de petites mangues "sauvages" ou bien de bananes abandonnées.
Après quelques jours, je décide de partir en randonnée sur un chemin, quitter ainsi le goudron et découvrir un Togo plus "profond". Je pars à l'aventure, seul, avec mon sac à dos. Seul et confiant. Et une fois de plus, l'hospitalité africaine s'impose. On m'offre des bananes et des avocats pour me donner la force de marcher, on m'offre à déjeuner lorsqu'il est l'heure (ou pas d'ailleurs), on m'abrite lorsqu'il pleut et toujours, on me demande pourquoi je dois partir si vite. Trois jours de belles rencontres et de magnifiques paysages où les nuages brumeux de la saison des pluies envoutent les montagnes avant de gronder.
De retour à Kpalimé, je démènage chez Séwa et sa famille. Ce n'est pas au Togo que je m'attendais à faire un voyage au coeur de la spiritualité indienne. Imaginez le tableau, les scultures de cet artisan s'entremêlent aux portrait de Jésus, la vierge marie, Yogi Bhajan et Omraam. Chaque matin, Séwa m'initie à la "sadhana". La base, l'incontournable du Kundalini Yoga : un ensemble de Kriya (exercices) et de méditations avec mantras (chants), le tout dès quatre heures du matin. Eh oui, on ne plaisante pas! Dans ce monde en confusion dont les êtres empatissent, Yogi Bhajan prône la rigueur pour offrir une constance à l'être humain et permettre de prendre les chemins spirituels de la libération... J'en profite pour faire mon premier jeûne durant trois jours, une expérience qui me permet d'approfondir mes connaissances, m'alléger de ma boulimie et de méditer. J'ai profité de ce temps pour écrire cela pour vous:

"Mon expérience n'est pas unique. Elle est avant tout semblable à tout occidental qui se rend dans ces pays et qui est de fait, confronter aux mêmes questions : l'altérité, la couleur de peau et toutes ses représentations, de chaque côté. Le toubabou-yovo riche et le Farifin-ameïbo pauvre. Je pense que chacun essaye de construire des rapports pour échapper à la règle. De mon côté, j'ai pu vivre et travailler avec des gens d'ici, de différents horizons et d'aspirations différentes : simplement vivre, avoir de quoi manger; ou bien faire de l'argent; parfois s'inscrire dans un système global, dans la possible transformation du monde, d'un autre monde. J'ai pris connaissance d'une réalité africaine, de la galère, des rêves et des joies qui se dégagent de cette première ambiance de survie. Une sorte de fatalisme, mais heureux. Rien ne changera, ou si peu, ou si lentement, "c'est la souffrance" comme on entend souvent, "la faim". Et la perception que le monde est tellement plus prospère ailleurs. L'Europe et l'Amérique, des vrais portes qui mènent au paradis... Un homme m'a discrètement confié, comme si il s'agissait d'une vérité tabou, que les noirs auraient péchés dans le passé lointain, c'est ainsi qu'ils payent encore aujourd'hui leur dette à l'aide de leur malheur, traduit en corruption et stagnation. Ce serait l'explication du mauvais sort et de son acharnement, une sorte de punition qui perdurent. Mais au delà de la volonté de Dieu, chaque Africain semble savoir profiter de l'instant. Il y a toujours un éclat de rire pour surgir d'une cour, un jeu entre génération, une course poursuite à coup de torchon. Ils s'élancent, se mettent en scène puis en sorte, en riant d'eux même. Cette richesse, ils l'ont bel et bien. Quelle spontaneité, quelle présence soudaine. (Euh... l'occidental aimerait que l'on parle un petit peu moins fort s'il vous plait, c'est possible? Silence intérieur, dépasser la consternation, seule l'acceptation est possible, s'ouvrir, il n'y a pas de secret, même dans les moments de retranchement. Oui l'Afrique peut -être fatigante, de nombreux voyageurs le confesse.) Et puis parfois, paradoxalement, c'est l'inexpressif qui peut surprendre. Des femmes qui trainent des pieds, des hommes abattus au bord des routes. De quoi s'agit-il, de détresse, d'ennui, de souffrance? Peut-être, peut-être qu'il s'agit juste de mon regard d'étranger... Des moments qui sont, simplement comme ils doivent être, sans être commentés ou joués.

De nombreux jeunes m'ont demandé pourquoi nous pouvions venir dans leur pays, et qu'il est si difficile pour eux de venir dans le notre si il le souhaite? Je suis d'accord avec eux, c'est totalement injuste. Je ne pouvais que leur souhaiter d'avoir un jour la chance de faire comme moi.
Je sais à quel point je suis dans un luxe rare. Presque 8 mois d'aventures, de vagabondages. Je vous souhaite à vous aussi d'avoir ce bien précieux. L'occasion de se confronter, de méditer par la force des choses pour faire une rencontre plus profonde avec soi-même.
Vivre ses rêves, c'est à dire vivre sa vie. Les Yogis disent que ce n'est qu'en se libérant matériellement et spirituellement que l'on réalise son Dharma (sa destinée) pour  ensuite échapper à la mort. Je vous rassure (ou je me rassure...?), je ne suis toujours pas croyant, mais n'est-ce pas une belle métaphore : vaincre la mort en vivant sa vie. Vivre sa vie, Vivre la vie."

La veille de mon départ pour Lomé, je pars saluer Koffa. Sur le chemin, des enfants m'aperçoivent. Fiers, ils m'hurlent la seule attention qu'ils connaissent à mon égard "Yovo Yovo Bonsoir!" Yovo, j'éclate de rire, je le crie au ciel : "YOVO!". Kpalimé résonne de mes ondes vocales, "Yovo", c'est bientôt finit tout ca... Je prends le bus ce soir pour Ouagadougou. C'est la grande remontée qui commence. Et alors que j'écris ces lignes depuis Lomé, surprise, c'est Séwa, de départ pour Cotonou, qui vient me trouver jusqu'au cyber pour me saluer. Un homme, une rencontre, qui a percé plus profond en moi, parmi tant d'autres... merci!

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Commentaires
L
Alors sous prétexte que vous êtes parti faire le fou<br /> avec la bande à Guénolé, vous oubliez ces pauvres<br /> terriens restés cloués sur leur sol natal ? à quant<br /> de vous lire à nouveau ? amitiés à tous les habitants de cette nouvelle maison Bisavous!!!<br /> lucette.
L
Alors voila que depuis le mariage de votre frère,<br /> vous nous laissez 100 nouvelles!! j'attends avec<br /> impatience de nouveaux textes illustrés, si possible<br /> j'ai obtenu l'adresse de Guénolé, je vais mettre en<br /> campagne pour lui écrire dans sa Roumanie profonde.<br /> A quand de vos commentaires ?<br /> Bzzzzzzzzzzzzzz de lucette
A
ton départ d'Ouagadougou est passé il y a presque un mois.. alors, je me demande où tu t trouve dans le monde? tu est déjà en retour de ton aventure ou encore plein au millieu?<br /> <br /> biz
A
aujourd'hui pas de neuf de mon part, sauf un ptit jeu "à la recherche de guéno..!" sur la site des photos d'EIRENE<br /> http://picasaweb.google.de/eirene.dz<br /> c'était une fete pr les volontaires (malheureusement j'y suis pas eté) et pr notre guéno :)<br /> <br /> bisous à toi!
L
Je ne reconnais plus le Charles de Plaine de Vie,il<br /> est devenu un "Sage"? un envouté de la terre africaine? en tous les cas, depuis que je peux vous suivre, je me prends a réver de paysages lointains,<br /> que ne suis-je un garçon pour avoir parcouru et connu tant de choses et tant de gens ? mon offre<br /> d'appareil photo tien toujours, il est à votre<br /> disposition pour le mariage de votre frère.Peut-êtr<br /> pourrez-vous écrire encore une fois, avant votre<br /> retour. J'ai, enfin, tricoté des chaussettes pour<br /> Lamri!!!!! Bisous de lucette
Où-est-charlie?
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